On dit d’un vin qu’il doit être équilibré, son marché aussi!

par | Jan 22, 2021 | News

L’actualité politique m’a inspiré une réflexion sur les vins de Bordeaux.

J’ai regardé et admiré le fabuleux discours de Jo Biden pour l’investiture du 46ème président des États-Unis. En plus de l’insistance sur l’importance de l’union de tous les américains, il a soulevé à deux reprises la fracture sociale qui doit être réduite. Philippe Hildebrand, (ex-directeur de la BNS) qui fait la course pour la présidence de l’OCDE, a fortement insisté sur sa priorité de vouloir diminuer les inégalités.

Ces deux événements de politique internationale m’ont inspiré cette réflexion sur Bordeaux.

Il existe une vraie fracture entre les petites propriétés de Bordeaux et les plus prestigieuses. La fracture devient insoutenable au point que toute l’appellation en souffre. Bernard Magrez parlait hier dans une interview du Bordeaux Bashing qui n’est pas terminé. Je pense qu’il a tort, Bordeaux doit simplement revenir avec les pieds sur terre pour séduire et retrouver les clients amateurs et consommateurs de vins avec une relation authentique. La fracture entre les deux mondes de Bordeaux doit se réduire. Il ne s’agit plus d’une compétition entre deux mondes mais d’une unité pour faire survivre l’appellation. C’est la seule appellation de vin qui porte le nom de sa ville et qui est reconnue dans le monde entier, quelle force !

Bordeaux s’est engouffré dans le modèle d’affaire des produits de luxe inspiré par Bernard Arnaud en visant un marché asiatique qui était très enclin à la consommation de produits de luxe. Je connais assez bien l’Asie, j’y ai d’ailleurs commencé ma carrière de marchand de vin chez un des premiers importateurs de vins à Singapour il y a 38 ans. Aujourd’hui, même en Asie, les mentalités évoluent et les choses changent. La consommation de vin se démocratise et hormis chez quelques spéculateurs misant sur la « rareté » des produits de luxe, le hongkongais, le singapourien et tous les autres yuppies de ces nouvelles économies très florissantes d’Asie sont ravis de consommer des vins lors des rencontres entre amis. On revient très fortement sur la notion de partage qui m’est très chère. Celles et ceux qui aiment partager choisiront une bouteille de vin pour faire un apéritif ou accompagner un repas, c’est là qu’est le cœur de la consommation qui fera que tous les producteurs qui présentent un vin qualitatif et respectueux de l’environnement (le minimum pour avoir son ticket d’entrée sur le marché) trouveront des débouchées et raviront finalement les papilles des dégustateurs, amateurs et consommateurs de vin.

Ce n’est pas dans l’élaboration et le goût des vins de Bordeaux qu’il faut chercher l’erreur mais dans l’approche commerciale qui devrait englober tous les aspects de la distribution.