Le récent article paru le 21.01.2021 dans Vitisphère au sujet du « Bordeaux bashing » et la prise de position ferme de Stephane Derenoucourt et Michel Rolland me conforte dans l’idée que la commercialisation des vins de Bordeaux et la dérive que la spéculation a engendrée, présentent un risque important pour toute l’appellation Bordeaux. Je le soulignais récemment dans un article que j’ai publié sur Linkedin et suis ravi que deux personnalités mondialement reconnues et respectées dans le monde du vin confirment cette vision.
Le vin, au-delà du plaisir qu’il procure, doit rester le compagnon des moments de partage. Produit de luxe et/ou vecteur de spéculation contribueront forcément à l’accentuation du « Bordeaux bashing ». Dans la foulée et grâce (ou à cause) d’internet, la distribution et le système de notation doivent être repensés. Les spécialistes et critiques de vin peuvent expliquer un vin et profiter de leur notoriété et de leur savoir faire pour qualifier un vin, mais les notes aujourd’hui n’ont plus de sens puisqu’ elles sont limitantes. Les amateurs ne se concentrent que sur les notes sans lire les critiques et sans pouvoir s’intéresser à ce que le vigneron exprime au travers de ces vins. Plus la note est haute plus elle est relayée par les producteurs et les distributeurs et plus elle est dénuée de tout fondement, sauf celui de satisfaire le propriétaire du vignoble et du critique. C’est d’ailleurs manquer de respect à ces critiques qui passent des heures considérables à déguster et à décrire les vins pour ensuite tenter de coucher sur le papier ce qu’ils ressentent. A l’instar des notes AAA attribuées dans le domaine de la finance qui ont donné confiance aux investisseurs en bourse sans que plus aucun analyste ne prenne le temps d’analyser les bilans des sociétés auxquels de telles notes se rapportent. La crise financière de 2009 n’est pas loin et nous avons encore tous en mémoire les dérives qu’ont occasionné ces notes qui peuvent facilement être biaisées.
Il est grand temps de repenser le vin avec les yeux de millions de « vrais » consommateurs ceux qui partagent, ceux qui apportent une bouteille chez un ami pour la boire avec lui ou celles et ceux qui se régalent de pouvoir profiter d’un accord met-vin parfait que leur recommande un sommelier.