Vins de Bordeaux : réputation et investissement, faire les bons choix

par | Août 4, 2021 | News

Analyse de la dernière campagne primeurs et des millésimes de 2009 à 2018

Si l’on revient sur la campagne primeurs 2020, on constate que les châteaux très réputés ont fortement réduit leurs allocations de vins primeurs. Ceci a pour conséquence une diminution des volumes ventes de 20 à 30% selon les châteaux et une augmentation de prix de 10 à 35% selon les crus.

Que faire en tant que consommateur et acheteur de primeurs ?

Les statistiques et les chiffrent montrent que certains châteaux réputés sont très sensibles à la notoriété du millésime, alors que d’autres sont plutôt sensibles à la réputation du château, à sa distribution sur le marché, ainsi que la note obtenue par les différents critiques reconnus. L’intérêt général pour les vins de la rive gauche ou de la rive droite selon le trend du moment est aussi un facteur à prendre en compte dans une optique d’investissement. En tant que consommateur à la recherche de plus-values potentielles, il est important de sortir des sentiers battus et ne pas s’en tenir aux quelques châteaux où la presse spécialisée se focalise.

Il faut rappeler que les prix élevés des grands crus de Bordeaux très réputés sont la conséquence de plusieurs années d’investissement dans les vins par des investisseurs privés. Des vins qui ont été stockés et qui ne sont pas nécessairement consommés. Dès lors, ce n’est pas la rareté effective mais la disponibilité des vins sur le marché qui a engendré des plus-values. Aujourd’hui, au vu des très petites quantités misent en marché par les châteaux en 2020, on peut considérer que ce sont ces derniers eux même qui, par la rétention des stocks, génèrent de la rareté en même temps qu’ils acquièrent une meilleure vision de leur distribution. Ceci pourrait malheureusement conduire au désintéressement des « investisseurs » pour ces crus, étant donné les faibles possibilités d’investissements. 

En même temps même si les marchés asiatiques ont montré des signes d’intérêts pour les grands vins, ils n’ expriment pas d’engouement pour les récentes campagnes primeurs, surtout après s’être brûlés les ailes sur la campagne du millésime 2010.

Pour un amateur de vin, buveur de great value wines, l’option la plus judicieuse est de se concentrer sur des crus qui ne sont pas encore entrés dans le giron des vins hyper spéculatifs mais qui ont déjà suffisamment de notoriété pour ne pas décevoir en termes d’investissement.

Je voudrais profiter de cet article pour rappeler que le vin est avant tout un produit de consommation qui a une durée de vie définie et que le meilleur investissement reste le prix/plaisir qu’on peut tirer des vins que l’on a achetés, compte tenu de ses disponibilités financières et de la cave qu’on possède pour régaler les amateurs désireux de partager des bonnes bouteilles.

Voici quelques éléments d’informations sur les différents millésimes depuis 2009

2009 : dans l’ensemble tous les vins sont prêts à être dégustés. Les vins ont une acidité moins élevée que sur la moyenne des autres millésimes et se dégustent tous très bien, autant sur la rive droite que sur la rive gauche.

2010 : est en plein apogée. Le potentiel de garde est cependant encore important si le niveau de conservation est optimum (70% d’humidité et entre 14 et 16°). Des vins que l’on peut  garder 20 à 35 ans.

2011 : aujourd’hui à maturité, ce millésime est passé dans l’ombre du millésime 2010 mais n’en demeure pas moins un bon millésime qui réserve de belles surprises.

2012 a connu quelques belles réussites même si dans l’ensemble les vins sont plus légers que ce qu’on peut attendre d’un cru classé de Bordeaux.

2013 est certainement et de loin l’année la plus compliquée à Bordeaux et ne présente pas grand intérêt, sauf pour certains Sauternes qui ont réussi un beau millésime. Quelques vins de Pauillac habituellement riches et pleins ont suffisamment de matière pour égayer les papilles gustatives.

2014 : très hétérogène à Bordeaux mais il faut relever le succès de l’appellation Saint-Estèphe.

2015 : ouf ! Il est venu à point juste après 3 millésimes moyens. Un peu comme 2009, ils n’ont peut-être pas toute l’acidité requise mais quel bonheur à la dégustation dès à présent. Autant sur la rive droite que sur la rive gauche les vins de ce millésime sont un pur bonheur en ce moment et pour cet automne.

2016 : deuxième très grand millésime du binôme 2015/2016. Toutes les qualités des très bons millésimes sont réunies avec un seul inconvénient, faudra les garder longtemps pour en profiter pleinement. Cependant, on peut d’ores et déjà garantir que les vins de cette année seront très très bon à maturité. Tanins soyeux, fruits murs, équilibre, arômes séduisants, savoureux.

2017 : après plusieurs dégustations, je pense qu’il est encore tôt pour se prononcer. Certains vins ont une belle matière mais nécessitent encore un peu de temps en cave pour être expressifs. Certainement plus court en bouche que les deux millésimes précédents, ils sauront donner du plaisir pour une dégustation sans prétention. Ceci me rappelle les 2007, boudés par la presse, qui finalement ont donné pleine satisfaction aux buveurs de Bordeaux, surtout quand le vin a été servi en magnum.

2018 : ils viennent d’arriver sur le marché, j’en ai dégusté passablement en bouteilles dans la première moitié de 2021. Plaisir assuré, probablement dans la lignée des 2015. Riches et gouleyants, c’est une belle affaire au regard des prix de sorties qui avaient été raisonnables.