Il a été le Gourou de milliers de consommateurs de vins dans le monde et de loin le critique le plus influent dans le monde du vin puisqu`à lui seul, il pouvait faire ou défaire la réputation d’un domaine. Une très bonne note suffisait à faire s’envoler les prix des vins d’un domaine et une mauvaise note pouvait ruiner le viticulteur.
Sa force fut son impartialité et sa droiture. Il a la réputation d’être incorruptible et pourtant les enjeux sont de taille.
On dit de Parker qu’il a façonné un goût du vin. Je pense qu’il a surtout su repérer avant les autres ce qui allait faire un vin qui rencontrerait la satisfaction du client lors de la dégustation.
Encore aujourd’hui, déguster un vin qui a obtenu 99 ou 100 points Parker et même le plus élitistes des dégustateurs ne pourra pas prétendre avoir dans son verre un cru insignifiant ou pas à la hauteur de sa note si tant est que le vin soit dégusté à son apogée.
Il a été abondamment critiqué pour encourager les viticulteurs de produire des vins « Parkerisés » : je pense qu’il a apporté à la viticulture française le réveil dont elle avait besoins pour avoir un rayonnement international sur le marché. Il faut se remettre dans le contexte du début des années 1980 où le bordelais sortait à peine d’une crise sans précédent en 1977. La région alignait ensuite 3 millésimes qu’on appelle dans un langage politiquement correct, très compliqués, 1979, 1980 et 1981. Lors des dégustations du millésime 1982 Robert Parker voit sa réputation exploser et annonce dans le Wine Advocate de l’époque que le millésime est absolument grandiose et de fait, dans les années 1990 on s’est fait très plaisir avec les vins du millésime 1982. Ce qui n’a fait qu’accentuer sa notoriété et par conséquent raréfier sur le marché les vins bien notés.
Depuis sa notoriété n’a cessé de croître et le prix des vins aussi pour le plus grand bonheur des producteurs. Pour rappel, en Suisse, les premiers grands crus classés des millésimes 1987, se sont vendus à CHF 49.- /hors ICHA par bouteille. Je me souviens, en 1989, lorsque Château Mouton Rothschild 1986 passait la barre des CHF 100.-, tous les importateurs, distributeurs de vins actifs de l’époque se posaient de sérieuses questions. Cette évolution a été chaotique jusqu’en 1997/98. A l’époque nous vendions le Clos du Marquis 1996 à CHF 18.- En 1994 j’achetais Montrose 1990 à CHF 29.80 en rayon chez Denner. L’Eglise Clinet 1985 s’affichait à CHF 35.-. Ces quelques données sur les prix qui donnent des frissons sont là pour illustrer la valeur ajoutée de Robert Parker pour les propriétaires dans les vignobles de la Vallée du Rhône et de Bordeaux. Les sommes importantes qui ont pu être engrangées par les propriétaires bordelais ont largement été utilisées pour améliorer la viticulture et l’œnologie pour la plus grande satisfaction des consommateurs éclatés aux 4 coins du monde.
Il y a bien des chances qu’il ne soit jamais remplacé. Reste maintenant à penser le marketing du vin. Des efforts sont entrepris dans ce sens avec les ateliers et les conférences durant Vinexpo ou encore MUST Summit qui réunit des experts qui pensent à l’avenir de la distribution. A lui seul, Parker concentrait 80% des efforts marketing de tout le vignoble. Avec une cible de dégustateurs avertis de 40’000 abonnés et probablement ses plus de 200’000 lecteurs, il maitrisait l’art de la communication, de la viralité de ses informations et du « story telling » au travers de ses critiques qui excitaient les papilles de tous les amateurs.
Bravo BOB ! Pendant la prochaine décennie, on ne se lassera pas de faire références aux points Parker. Un de mes amis m’a convié pour cet été à une dégustation de 100 points Parker. J’y participerai et serai ravi de partager mes impressions dans le blog.
La campagne primeurs est en cours à Bordeaux sans les notes personnelles de Robert Parker mais celles des personnes qui ont travaillé avec lui et sont maintenant employées par Le Wine Advocate.