Les grandes plateformes internet semblent se casser les dents sur des choix prédéterminés par les précédents achats de vins effectués sur internet, par les informations partagées aux travers de la toile ou voir même, selon l’humeur du consommateur. Pourtant, les algorithmes sont de plus en plus sophistiqués et le seront de plus en plus. Les algorithmes n’ont de sens que dans une optique de forte croissance («scalability » en anglais). Or, le vin ne répond malheureusement pas à tous les critères nécessaires à établir un profil type tout simplement parce que tout au long d’une vie, le goût des amateurs de vins évolue dans le temps en fonction des âges, du contexte, des disponibilités financières et de la tolérance à tel ou tel vin.
Difficile de faire rêver le buveur de vin au travers d’un choix défini mathématiquement puisqu’une multitude de sens intervient au moment où le consommateur porte son vin au nez et puis à la bouche. Les odeurs, les souvenirs, les sensations sur la langue en fonction de ce qu’on a précédemment mangé, mais aussi l’endroit, le souvenir que cela évoque, le rêve qu’on se fait de la cave en vieille pierre à la lumière tamisée sont des sensations qui varient en permanence et définissent le choix du consommateur. Néanmoins, il arrive encore, qu’il soit déçu. Les vins eux-mêmes, selon leurs critères et qualité de départ, évoluent différemment et sont aussi sujet à des variations d’évolution selon l’endroit où ils sont stockés. Cela fait quand même un certain nombre d’éléments à maîtriser par le digital pour une consommation qui est de plus en plus géographiquement définie et qui est donc limitée dans la croissance à grande échelle.
Ceci étant, en plus de tous ces paramètres sensoriels, il existe des contraintes logistiques. Tous les vins ne sont pas disponibles partout, à tout moment. Le vin se transporte difficilement et les frais liés à la logistique sont considérables dans le prix d’une bouteille.
La meilleure recommandation que je fais aux buveurs de vins est de déguster souvent et de se forger sa propre opinion. La dégustation de vins n’est pas très compliquée et il convient de la démystifier. Le dégustateur n’a pas besoins d’utiliser des termes adéquats pour exprimer ses impressions. L’authenticité dans l’expression du ressenti a beaucoup plus de poids que les termes empruntés et sortis à mauvaise escient de la bouche d’un néophyte.
On a tous la possibilité de bien déguster. Les progrès sont directement liés à la pratique. Au départ, cela requiert un peu de concentration et quelques bases très simples, mais la pratique est indispensable afin de se forger sa propre opinion sur tel ou tel vin. Déguster ne veut pas dire savoir s’exprimer savamment au sujet d’un vin, mais bien définir ce qui est bon pour moi et que j’aurai envie de boire ultérieurement pour que l’envie soit assez forte d’en mettre quelques bouteilles en cave. La confirmation de ses propres sensations peut être recherchée auprès des journalistes critiques, mais l’inverse est une démarche qui risque de décevoir, si tant est que le goût prime sur l’envie de suivre comme un mouton.