Vendredi passé, l’occasion m’a été donnée de partager une dégustation de 8 vins notés 100 points par le Wine Advocate. Magnifique expérience qui permet d’apporter un jugement sur l’évolution des vins après quelques années de conservation dans d’excellentes conditions de garde.

Il en ressort qu’effectivement Robert Parker a bien un goût qui lui est propre mais qui ne correspond pas toujours aux critères de dégustation de palais européens. La densité des couleurs et l’opulence de certains crus sont toujours bien présentes mais certains vins donnent déjà des notes d’évolution. La richesse du fruit de leur jeunesse peut masquer un manque d’acidité qui devrait permettre au vin de vieillir dans de bonnes conditions

Lors de ses dégustations dans les années 2000 à 2014 Parker a décidément bien aimé les vins américains, riches et denses, les vins de la vallée du Rhône onctueux et souvent chargés en alcool et les Bordeaux qui ont été bien notés n’ont certes pas tous de bonnes capacités de vieillissement

Pour cette dégustation nous (les 9 convives) sommes restés sur les vins du Bordelais et la surprise est de taille… La dégustation était précédée d’une mise en bouche avec Chapelle de Mission 2012, délicieux, fruité et très bien équilibré. La persistance en bouche est longue. Nous avons adoré la mise en bouche qui présageait d’une dégustation de très haut niveau. Liste des vins dégustés:

Larcis Ducasse 2005, Troplong Mondot 2005, Haut-Bailly 2009, Smith Haut Lafitte 2009, Pontet-Canet 2010, Pavie 2010, Cos d’Estournel 2016, Mouton Rothschild 2016.

Les deux meilleures surprises sont Haut-Bailly 2009 et Larcis Ducasse 2005. La déception est venue de Pavie 2010 qui présente les caractéristiques d’un vin sur-extrait avec des tanins asséchants et Troplong Mondot 2005 déjà particulièrement évolué. Que dire de Cos d’Estournel 2016 qui précédait Mouton Rothschild 2016. Dans de plus anciens millésimes, Cos d’Estournel nous avait habitué à des vins tellement différents que nous sommes restés sur notre faim. La soirée était couronnée par Mouton Rothschild 2016. Mouton dans toute sa splendeur, légèrement mentholé, tanins très serrés et la présence aromatiques de fruits bien mûrs.

Smith Haut Lafitte 2009 est un très beau vin mais qui ne reflète pas la personnalité qu’on retrouve dans les derniers millésimes de Smith, Pontet-Canet 2010 présentait un nez très animal et des fruits compotés. Je ne suis pas sûr que le vin évoluera remarquablement bien

J’aimerais revenir sur Haut-Bailly. Cette propriété a le don de produire des vins qui procurent de l’émotion. L’entrée en matière du 2009 avec des notes de cerises noires et de myrtilles remplit bien la bouche sans excès et se termine sur une longueur exceptionnelle et tout en finesse.

En conclusion, choisir aveuglément des vins notés 100 points vous donnera certes la satisfaction d’avoir une cave bien faite et valorisable mais il reste primordial de les déguster régulièrement afin de ne pas être déçu par des crus qui ont évolué trop rapidement.