fbpx

Bordeaux – au delà des étiquettes, le plaisir!

par | Mar 9, 2022 | News

Il y a quelques temps un de mes confrères mentionnait ceci dans une lettre ouverte « Depuis 50 ans que je pratique mon commerce, force est de constater que les prix des « grands vins » ont atteint des sommets qui interdisent à la plupart des consommateurs de s’en procurer… »

La semaine dernière, le Figaro, livrait une interview de Stephane Derenoncourt où il mentionne la révolution des modes de consommation. Il évoque la consommation d’aujourd’hui très différente de ce qu’elle a été:
« On boit plus d’idées que de vin. Avant l’explosion de la formation, des réseaux sociaux, de la distribution, il était beaucoup plus compliqué de trouver un vin, ce qui est beaucoup moins le cas aujourd’hui. Autrefois, le consommateur se rattachait à des symboles : la Bourgogne et ses climats, le classement bordelais de 1855, etc. Le vin évoquait du rêve, des lieux. Aujourd’hui, on va accorder plus d’importance à la philosophie d’un vigneron, à l’histoire d’un domaine. »

De mon point de vue, les crus très réputés occuperont toujours une très petite niche chez les personnes fortunées. En revanche, la majorité des amateurs de vins qui sont concernés se retrouvent dans des crus qui leur offrent une consommation festive. Les ventes de magnums et jéroboams occupent le terrain car ils participent et marquent ces moments qui se veulent inoubliables. La démystification du grand vin réservé à une élite va de pair avec une large diffusion de l’information et l’intérêt pour les vins qui racontent une histoire, qu’on a plaisir à repartager, sont entrain de se faire une place auprès des néo consommateurs de vin.

L’image d’une cave sombre, d’une arrière-cuisine, le partage d’une dernière bouteille avec le vigneron aux doigts burinés, le pâté maison nonchalamment tartiné sur une tranche de pain pour accompagner un vin délicieux offre plus de souvenirs et d’émotion qu’un dîner de gala dans un palace. Le 5 étoiles a sa place pour accorder une expérience luxueuse, parfaite de bout en bout mais le vin revient à ses fondamentaux qui est un produit de la terre.

L’approche très distinguée, professorale et le langage qui était adéquat pour parler d’un vin tend à être aujourd’hui « has been » pour être remplacé par des descriptifs plus émotionnels mais surtout plus simples. Ce qui compte ce n’est pas de pouvoir décrire le vin, l’important c’est ce qu’on ressent lors de la dégustation.

Les grands crus ont effectué leur travail de notoriété et ont beaucoup apporté à la qualité des vins. Aujourd’hui, des crus de moindre notoriété et extrêmement bien élaborés garnissent les tables des esthètes du monde entier, de l’Europe au sud-est asiatique, des USA à l’Australie. En même temps, ces mêmes pays, s’ils sont producteurs de vins privilégient la consommation de produits locaux et c’est très bien ! Le temps où les consommateurs devaient se fier aux points Parker semble bien révolu. Le vin c’est un terroir, une histoire, un moment de fête et de partage. La consommation n’est plus quotidienne, elle est réservée à des moments de convivialité.

Reste évidemment la part de très grands vins qui constituent des portefeuilles d’investissement avec, comme corollaire, tous les risques liés à la spéculation.