Une fois de plus l’adage se confirme : petits millésimes, grands vins et grands millésimes petits vins. Cette année, il y a des dizaines de pépites et parmi les grands crus classés, des vins qui entreront certainement dans la légende.
Dès le début 2022, le défi était lancé pour les vignerons. Au printemps, personne ne savait encore qu’on allait battre des records de chaleur et de sécheresse. Les millésimes 1945 et 1947 (moins chaud quand-même) avaient été des records en la matière. On dit même qu’en 47 l’eau fût rationnée à Bordeaux. Plus récemment, et encore dans toutes les mémoires, les fortes chaleurs d’août et septembre 2003 battaient des records même pendant la nuit.
Et pourtant, ce millésime n’est en rien comparable au 2003. Les équipes qui travaillent dans les domaines viticoles ont su appréhender ce climat hors normes qui deviendra peut-être la norme… Chacun y est allé de sa propre méthode pour protéger les raisins : diminuer la surface foliaire en haut pour laisser des feuilles en bas qui viendront, comme une casquette, protéger les grappes de raisins des brûlures du soleil. Peu ou pas d’écimage, couvert végétale approprié. Pas de vendange en vert et des récoltes qui ont commencés début septembre avec plusieurs passages sur les mêmes parcelles pour ramasser la quintessence du raisin.
Pour ceux qui n’ont pas reçu de petites pluies salvatrices, tout a été fait pour garder la peau des baies de raisins la plus saine possible pour éviter un flétrissement comme en 2003. On parle beaucoup des sélections massales, pour préserver une meilleure proportion du patrimoine génétique des plantes qui donc s’adaptent mieux à leur terroir. Depuis quelques années déjà, quelques îlots de fraîcheur ont été sauvegardés ou créés pour éviter que la vigne ne soit brulée par les fortes chaleurs qui nous accompagneront à l’avenir.
Le maître mot du millésime : « la fraîcheur » qui se traduit par des niveaux d’acidité avec des PH entre 3,4 et 3,8 et donc, en bouche des vins très élégants, frais, fruités, suivis d’un milieu de bouche ample mais pas lourd avec des finales ciselées et franches.
Après la mise en bouteilles, on se mettra à rêver d’un millésime dont la plage de dégustation sera très longue, prêt à boire sur le fruit après 4 ou 5 ans de mise en bouteille et avec une capacité de garde de 30 ans certainement à condition toujours que les vins soient bien stockés.
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